Communication médicale

La « guerre à la mort » : le futur de la médecine sauce Silicone Valley?

February 24, 2023

DANS CET ARTICLE

En 2015, l’historien israélien Yuval Noah Harari publiait « Homo Deus : une brève histoire de l’avenir ». 4 ans après « Sapiens : une brève histoire de l’humanité », il y décrivait alors la disparition des vieux fléaux de l’humanité (famine, peste et guerre) au profit de nouveaux « projets » portés par l’humanité du XXIeme siècle. Parmi ceux-ci on trouverait….la « guerre à la mort » avec un objectif fort: effectuer une prolongation progressive de la vie humaine. Le but ne serait sans doute pas d’atteindre l’immortalité mais la science permettrait à terme de retarder indéfiniment la mort.

Commencé il y a peu dans la Silicon Valley, les GAFA se sont engouffrés dans la lutte contre la dégénérescence des cellules humaines, autrement dit le vieillissement.
La prolongation progressive de la vie humaine, si elle parait avant tout un projet fou, révolutionnerait le concept même de l’existence humaine. Si le rajeunissement devient peu à peu une normalité, il est bon de se questionner sur son impact sociétal et la place que nous souhaitons accorder aux GAFA dans l’évolution de nos structures de vie.  

Rôle des GAFA dans la santé

La santé est, et sera, toujours un sujet au cœur des préoccupations humaines, d’où l’intérêt grandissant que lui portent ces dernières années les GAFA. 

Au moyen d’investissements massifs, Google et Amazon se sont lancés dans une lutte organisée contre le vieillissement pour « tuer la mort ». 

Parmi les projets émergents nous retrouvons :

-le Projet Baseline qui veut cartographier la santé humaine, 

-Calico qui travaille sur la prévention du cancer

-ou encore CityBlock pour favoriser la prévention et l’éducation à la santé. 

Si nous considérons que la technologie apportée par les géants du numérique dans le secteur de la santé est un élément à même de faire avancer la Recherche et le Développement, les impacts de ce positionnement ne peuvent qu’être bénéfiques.  Le Big Data a révolutionné la collecte et l’analyse des données médicales et facilite à présent l’émergence de cette fameuse médecine des 4P: Prédictive, Préventive, Personnalisée et Participative. 

Alors quel problème pose ce positionnement ? Si nous reconnaissons volontiers à ces acteurs majeurs du numérique leurs prouesses technologiques, ils ont malheureusement la mauvaise réputation de faire peu cas d’une utilisation responsable des données de santé. A l’heure des règlementations quant à la nécessaire protection des données personnelles, le doute s’installe sur la non-récupération de ces données pour des usages commerciaux. Quel que soit l’objectif du projet que les opérateurs du numérique et de la santé se soient donnés, éthique et sécurité doivent rester les maitres mots des évolutions en santé et la confidentialité des données se trouver au cœur de leurs préoccupations pour la sécurité des patients. 

Impact sociétal 

Si l’immortalité n’est, à priori, pas encore atteinte, le but de repousser la mort questionne notre rapport à l’existence. Quels seront les impacts du passage d’une espérance de vie de soixante-quinze à cent cinquante ans ?

Si nous avons toujours considéré l’allongement de la durée de la vie comme une caractéristique positive de notre société ou une marque d’évolution, celui-ci pose cependant des défis majeurs à la solidarité entre générations, à l'organisation médicale, sociale et familiale. 

Tous les thèmes sont liés:  prévention de la dépendance, recherche sur les maladies neuro-dégénératives, conditions d'hospitalisation des personnes âgées, maintien à domicile ou encore pilotage de la prise en charge de la dépendance.

Les impacts sont loin d’être neutres. 

« À la fin il n’y a qu’un seul vainqueur : la mort » a dit un jour Staline à de Gaulle. 

Comme nous ne pouvons, en l’état actuel de nos connaissances et de notre ignorance, ni prévoir ni penser les évolutions de demain en matière de durée de vie, en attendant : pensons donc à mieux vivre.

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