Le dr Michèle Sanchez, dermatologue au Centre Hospitalier d'Avignon, partage son retour sur l'utilisation de la téléexpertise avec Rofim pour structurer la réponse médicale dans un territoire en tension. Un témoignage concret et éclairant.
Dans un territoire marqué par un désert dermatologique, le Dr Michèle Sanchez, dermatologue au CH d’Avignon, et les équipes de la DSI ont structuré une réponse territoriale efficace grâce à la téléexpertise. Elle partage son retour d’expérience sur l’usage de la plateforme Rofim, qui lui permet de gérer jusqu’à 15 à 20 téléexpertises par jour, de mieux trier les demandes, d’améliorer la qualité des échanges avec les correspondants, et de renforcer la prise en charge des patients.
Quel est le contexte dermatologique dans votre territoire, et votre rôle au sein du CH d'Avignon ?
Je suis le Dr Michèle Sanchez, dermatologue au Centre Hospitalier d’Avignon. Notre établissement fait partie du GHT du Vaucluse. Nous sommes très peu nombreux à assurer une activité dermatologique à l’hôpital, qui comprend à la fois les consultations externes, les demandes d’avis venues de la ville, et l’activité hospitalière avec des lits d’hospitalisation.
Dans notre territoire, la situation est particulièrement tendue, car nous avons une exposition solaire importante, une population agricole, et donc une fréquence accrue des cancers cutanés, notamment des carcinomes et des mélanomes. Cela accentue la pression sur les dermatologues hospitaliers et libéraux.
Nous sommes également mobilisés pour réaliser des consultations avancées dans des villes du territoire totalement dépourvus de dermatologues comme Cavaillon, Apt ou Vaison-la-Romaine. La situation dans le Vaucluse est particulièrement tendue, avec un désert dermatologique aggravé par les départs en retraite non remplacés, aussi bien à l’hôpital qu’en ville.
Quels problèmes rencontrez-vous avant la mise en place de la téléexpertise ?
Nous recevons des demandes d’avis de la part des médecins généralistes, mais aussi des dermatologues libéraux, de tout le territoire.
Il y a encore deux ans, les demandes d’avis arrivaient de manière très hétérogène : par mail, par courrier, par WhatsApp, parfois même directement par les patients eux-mêmes qui venaient déposer une lettre ou une photo à l’accueil. Les informations étaient souvent incomplètes, illisibles, avec des photos de mauvaise qualité, et des courriers mentionnant seulement "lésion suspecte" sans autre détail.
Il nous était impossible de savoir ce qui relevait de l’urgence ou non. Nous étions débordés, avec 30 courriels à lire par jour, auxquels s'ajoutaient les courriers imprimés par les secrétaires. Il nous fallait un outil pour structurer, sécuriser et centraliser ces demandes.
Qu’est-ce que l’outil a changé concrètement dans votre organisation ?
La téléexpertise Rofim nous a permis de mettre en place un véritable processus de tri intelligent, en s’appuyant sur un modèle d’observation que nous avons co-construit avec l’équipe Rofim.
Les médecins généralistes remplissent une fiche avec des informations cliniques claires, assorties de photos, et avec l’exposition d’une problématique à résoudre. Avec le temps et l’expérience, les médecins requérants ont amélioré la qualité des images fournies.
Certains ont même investi dans des dermatoscopes et appris à s’en servir seuls, ce qui a vraiment renforcé la pertinence des demandes. Grâce à cela, nous avons pu prioriser les consultations, faire venir rapidement les patients qui en avaient besoin, et mieux répondre à la demande du territoire avec les moyens dont nous disposons.
La téléexpertise Rofim nous a permis de mettre en place un véritable processus de tri intelligent
La téléexpertise Rofim nous a permis de mettre en place un véritable processus de tri intelligent, en s’appuyant sur un modèle d’observation que nous avons co-construit avec l’équipe Rofim.
Comment avez-vous accompagné vos correspondants dans l’adoption de l’outil ?
Nous avons utilisé une méthode douce. Dans un premier temps, nous avons continué à prendre les demandes arrivant par courrier ou mail, mais à chaque fois, nos secrétaires renvoyaient un document expliquant comment utiliser Rofim, et encourageaient les médecins à passer par cette voie.
Cela a pris du temps, environ six mois, avec quelques résistances au début. Mais progressivement, les correspondants ont vu que ça fonctionnait, et que cela ne prenait pas beaucoup plus de temps. Ils obtenaient une réponse, parfois même un rendez-vous en consultation. Et donc ils ont continué à utiliser la plateforme. Aujourd’hui, c’est devenu un réflexe, et nous n’acceptons plus de demandes d’avis dermatologiques par des canaux informels (hors urgences).
Quelles fonctionnalités vous paraissent les plus pertinentes dans votre quotidien ?
Ce qui nous aide beaucoup, c’est la possibilité de recevoir des photos, parfois avec des clichés de dermatoscopie, de bonne qualité. Cela permet une meilleure évaluation des lésions. Nous pouvons annoter ces images directement sur l’outil Rofim, répondre, et surtout structurer notre avis.
Nous avons aussi demandé à Rofim de faire évoluer certains aspects de la solution, comme la possibilité d’identifier plus précisément les territoires, pour organiser nos consultations avancées et limiter les déplacements des patients. Cette co-construction est un vrai plus, on sent que l’outil est évolutif en fonction de nos besoins venant du terrain.
Quel est votre retour sur l’expérience utilisateur et l’accompagnement ?
La plateforme est facile à prendre en main, même pour des praticiens peu familiers du numérique. Nous avons été très bien accompagnés. L’équipe Rofim est à l’écoute, réactive, et s’adapte à nos besoins.
Ensemble, nous avons aussi formé progressivement les médecins généralistes à l’utilisation de la téléexpertise. Ceux qui jouent le jeu sont devenus très efficaces, et cela améliore toute la chaîne de prise en charge. Aujourd’hui, mes jeunes collaboratrices, plus à l’aise avec les outils numériques, s’en servent très naturellement et forment même indirectement les correspondants.
En quoi cette organisation améliore-t-elle concrètement l’accès aux soins ?
Grâce à la téléexpertise, on peut identifier rapidement les situations urgentes : cancers de peau, infections sévères, poussées inflammatoires. On les prend en charge immédiatement, parfois dès le lendemain. D’autres situations peuvent être prises en charge à distance, avec un conseil, une ordonnance, une réassurance.
Cela évite de faire déplacer des patients parfois très âgés ou en difficulté d’accès aux soins. Et surtout, cela évite de saturer les créneaux de consultation pour des situations qui peuvent être réglées à distance.
Environ 30 à 40 % des demandes donnent lieu à une consultation en présentiel, les autres peuvent être traitées à distance, avec un vrai gain d’efficacité pour tous.
Quel regard portez-vous sur l’avenir de la téléexpertise dans votre service ?
Nous traitons actuellement jusqu’à 15 à 20 téléexpertises par jour. Lorsque le dossier est bien rempli, avec des photos de qualité et une description clinique claire, il est très rapide d’apporter une réponse. Et comme la téléexpertise est asynchrone, cela permet d’y répondre depuis n’importe où, pas uniquement depuis l’hôpital. C’est un vrai gain de souplesse.
À l’avenir, il faudrait sans doute dédier un temps spécifique dans notre planning pour traiter ces demandes de manière encore plus fluide, car elles sont devenues une part importante de notre activité.
Un mot pour la fin ?
Rofim nous a permis de construire une réponse territoriale efficace en dermatologie, là où les ressources médicales sont très limitées. C’est un outil qui permet non seulement de mieux répondre à la demande, mais aussi de former les professionnels de santé, et de construire des parcours de soins plus fluides.
C’est un vrai changement dans notre quotidien, et un outil que mes collaboratrices continueront à faire vivre demain. Nous avons co-construit un usage adapté à notre réalité, et c’est probablement ce qui explique que ça fonctionne.
Rofim nous a permis de construire une réponse territoriale efficace en dermatologie, là où les ressources médicales sont très limitées.
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